« La nourriture est comme une drogue » : voici la phrase d’une jeune femme boulimique au cours d’une séance de psychothérapie. Est-ce à dire que la boulimie, au même titre que l’anorexie, ou encore l’hyperphagie représentent toutes une addiction? La réponse est oui : les Troubles des Conduites Alimentaires (T.C.A.) sont bel et bien considérés comme une addiction par les spécialistes du domaine.
L’addiction est un anglicisme désignant une « dépendance extrême, entraînant une conduite compulsive, une perte de liberté »(1). Par ailleurs, la dépendance fait référence à un « état pathologique résultant de l’absorption répétée d’une drogue et qui se manifeste par le besoin impérieux de continuer cette absorption »(2). On comprend facilement en quoi, dans les T.C.A, la nourriture est une drogue à l’image de l’alcool ou de produits neurotoxiques.
Dans le cadre de la boulimie, la nourriture est absorbée en quantités excessives et ce, de manière impulsive au sens où la personne sent qu’elle ne peut faire autrement. L’individu qui souffre de boulimie perd le contrôle de lui-même lorsqu’il déclenche des crises de boulimie. Ces dernières ne laissent aucun répit : elles se répètent frénétiquement et s’imposent au sujet sans qu’il puisse y échapper.
L’anorexie, elle aussi, fait écho à un état de dépendance ou à une addiction. Tandis que la nourriture est sans cesse consommée dans la boulimie, dans l’anorexie elle est sans cesse repoussée : dans les deux cas, la nourriture est une drogue puisqu’elle obsède. La personne qui souffre d’anorexie, autant que celle souffrant de boulimie, organise sa vie autour de la nourriture et pense à la nourriture sans pouvoir s’en empêcher. Dans l’anorexie, la nourriture est une drogue puisqu’elle est incompressiblement « consommée » par la pensée.
Enfin, il est aisé de comprendre pourquoi l’hyperphagie est considérée comme une addiction. La personne qui souffre de ce trouble a un rapport à la nourriture qui la place dans une situation de dépendance. En effet, le comportement hyperphagique est caractérisé par l’absorption quasi-continuelle de nourriture. Les aliments sont une drogue dont il est impossible de se défaire. L’individu hyperphagique est à l’image d’un fumeur qui, de manière incontrôlée et irrépressible, fume cigarettes sur cigarettes.
Les Troubles des Conduites Alimentaires se rapportent tous à un état pathologique de dépendance. La nourriture est une obsession ; une idée ou bien une substance dont on ne peut se passer.
(1) LE ROBERT, 1995. Le Robert de poche 2009. Paris, Dictionnaires LE ROBERT-SEJER. 10p.
(2) LAROUSSE, 1979. Dictionnaire de la langue française. Larousse-Bordas. 1999. 521p.