Anorexie ou l’anomalie du plaisir

L’anorexie est un trouble moderne, dont les premières définitions remontent pourtant à l’Antiquité. Ce trouble du comportement alimentaire, qui se caractérise par l’arrêt de l’alimentation, vient en réponse à une douleur profonde. Le corps et l’esprit symptomatisent ce qui est insoutenable. En résulte alors une réelle anomalie du plaisir, caractéristique de l’anorexie. Quelle notion cela vient-il bousculer, et comment la rétablir ?

La notion de plaisir

La notion de plaisir est essentielle afin de saisir ce trouble qu’est l’anorexie. Elle porte plusieurs connotations, certaines psychanalytiques, d’autres plus communes. Prendre du plaisir à regarder la mer, à prendre une douche chaude ou encore à écouter de la musique.

Le plaisir est une sensation agréable, à l’opposé de la douleur ou de la frustration. C’est un sentiment lié à la satisfaction d’un besoin ou à la réalisation d’un désir. C’est une notion qui habite tous les êtres humains, et qui dirige l’existence et le quotidien.

Issu de la langue grecque, le terme d’anorexie désigne littéralement « a » – absence et « orexis » – appétit. L’anorexie serait donc, selon son étymologie, l’absence d’appétit.

Dans l’observation et l’analyse psychanalytique du trouble, la notion centrale dans ce trouble des conduites alimentaires est le plaisir. En effet, l’individu souffrant d’anorexie a perdu tout plaisir ou toute satisfaction dans l’acte de manger.

La personne atteinte de ce trouble du comportement alimentaire perd tout plaisir face à l’alimentation. Ce plaisir perdu se transforme de surcroît en véritable obsession du poids et de l’alimentation. C’est une véritable obsession mortifère et extrêmement handicapante qui prend alors toute la place.

En réalité, se nourrir est un besoin vital. La nourriture est essentielle au fonctionnement des organes, des muscles, du cerveau, et du corps humain en général. C’est une question de vie, et même de survie biologique.

Le plaisir est parallèle, c’est ce qui motive l’individu à se nourrir. L’excitation d’un repas en famille, de son plat favori ou du réconfort d’une boisson chaude en hiver. Dès lors que le plaisir s’évapore, sa source se tarit, jour après jour.

Le plaisir n’est plus, le sujet non plus.

 

Le plaisir en voie d’extinction dans l’anorexie

Quand le plaisir s’échappe

Au début de la vie, c’est une pulsion première de satisfaction qui pousse l’enfant à se nourrir. En grandissant, c’est la notion de plaisir qui se distingue.

Lorsque la tristesse ou la douleur, même inconsciente, s’empare de l’Homme, il perd peu à peu du plaisir de vivre. Il perd littéralement, “le goût à la vie”.

Le cercle vicieux qui assaille le sujet atteint du trouble anorexique est terrible et dévastateur. Il se résume comme suit.  “Je n’ai plus de plaisir à manger, je ne mange plus, je perds davantage le plaisir de manger. “

La spirale de l’anorexie est un cercle vicieux, de perte de plaisir et par le même effet, de la vie en tant que tel. C’est l’énergie vitale même qui s’échappe de l’esprit et du corps de la personne atteinte de ce trouble alimentaire. C’est une véritable descente aux enfers.

Le plaisir, une émotion vitale

Ainsi, on comprend bien que le plaisir est l’émotion essentielle de l’anorexie. C’est ce qui la régit : le plaisir a quitté la personne atteinte de ce trouble du comportement alimentaire.

C’est un fait, au même titre que la notion de vie qui se vide à mesure que la maladie s’installe. On observe par ailleurs, à titre d’exemple, ce même phénomène chez certains animaux qui cessent de s’alimenter après la perte d’un de leurs proches, d’une maladie ou d’une modification d’environnement.

Si l’émotion de plaisir disparaît de l’acte de manger, le sujet n’est plus poussé à la faire. Il ne trouve ni l’envie, ni la force. La simple idée de s’alimenter est parfois source de stress ou de nausées : le corps tout entier vibre et refuse cette idée. Alors, peu à peu et progressivement, il arrête de se nourrir et se décharne. Le corps, sans plaisir, meurt à petit feu.

La notion de plaisir en psychologie est donc extrêmement liée à l’état émotionnel et psychique d’un individu.

En effet, c’est parce l’on aura donné goût à l’individu pour se nourrir qu’il en ressentira un plaisir suffisant pour assurer sa survie en continuant de s’alimenter. Sans plaisir, l’énergie du sujet court à l’échec et s’évanouit. Le plaisir connu d’avoir été alimenté par un tiers, vecteur de satisfaction, conditionne le plaisir perçu de manger.

Mais c’est aussi parce que les affects gouvernent notre esprit. L’humain est un être sensible, qui ressent et vit. Les émotions douloureuses sont parfois trop fortes et trop lourdes à supporter. Certaines solutions de compensation se dessinent : l’anorexie est un trouble alimentaire qui en fait partie.

” L’homme n’est pas fait pour construire des murs mais pour construire des ponts ” –  Lao-Tseu

Retrouver le plaisir

Le plaisir est une émotion qui s’apprend, qui s’apprivoise et qui se cultive. C’est une notion forte de sens et de complexité.

Chez le sujet anorexique, le plaisir s’éteint et disparaît. Tout comme le sujet, atteint de ce trouble du comportement alimentaire sévère, il sombre dans l’oubli. Toute fraction de lui même se défait et se désagrège à mesure du temps qui passe.

Il est cependant important de rappeler, que l’anorexie est une maladie psychique réversible. Retrouver le plaisir est possible. Retrouver son libre arbitre est possible. Retrouver la vie, est possible.

L’anorexie étant un trouble nécessitant un accompagnement spécialisé. On ne se débarrasse pas d’un tel carcan en le balayant du revers de la main. En effet, rappelons le, l’anorexie est un trouble psychique, symptomatique d’un mal-être profond, d’une réalité psychiquement insupportable.

Contacter un professionnel spécialisé en troubles alimentaires est un pas de plus vers la porte de sortie de ce trouble intenable et dévastateur. Faire appel à un bon thérapeute, comme un psychologue en ligne spécialisé dans les troubles alimentaires, permet de rapidement mettre en place le chemin à la recherche du plaisir perdu.

Pascal Couderc, psychologue clinicien, psychanalyste et auteur, fondateur de boulimie.com en 1998, vous accompagne dans ce cheminement. Il exerce à Paris, Montpellier et en visio consultation.

psychothérapie des troubles du comportement alimentaire

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