L’anorexie mentale

Trouble du comportement alimentaire essentiellement féminin, l’anorexie mentale touche particulièrement les adolescents. Elle peut aussi survenir chez l’adulte et plus rarement chez l’enfant. Ce trouble psychologique consiste en une restriction alimentaire volontaire et stricte associée à une peur intense de prendre du poids. Il entraîne un amaigrissement important. Si la personne qui en souffre entretient un lien obsessionnel avec la nourriture, elle a surtout un problème avec son image corporelle. Elle ne se rend pas compte qu’elle se met en danger. À travers cet hyper contrôle des calories, l’anorexique semble mener un véritable combat pour faire diminuer ce corps qui prend trop de place et qui est perçu comme menaçant. Comment sortir de l’anorexie ? Bien que visible à terme, l’entourage peut mettre du temps avant de s’en rendre compte. Il est donc important de comprendre les symptômes, les causes, ainsi que les conséquences de ce TCA. Enfin, pour guérir et pour limiter les complications parfois mortelles, une prise en charge médicale et psychologique est nécessaire.

Qu’est-ce que l’anorexie mentale ?

Il s’agit d’un trouble des conduites alimentaires. Il touche surtout les jeunes puisque les symptômes apparaissent généralement entre 12 et 20 ans, avec :

  • un amaigrissement important (jusqu’à 50 % du poids normal) et rapide ;
  • une perte d’appétit, un refus de manger ;
  • une aménorrhée chez les patientes (interruption des règles).

Quelques chiffres

La plupart des malades sont de sexe féminin. L’anorexie masculine représente malgré tout 20 % des cas. C’est un TCA rare, puisque qu’en moyenne, il touche 1,4 % des femmes et 0,2 % des hommes.

Bien qu’ils soient fondamentalement différents, les troubles anorexiques et boulimiques sont des maladies mentales qui peuvent être associées et qui peuvent alterner :

  • 27 % des boulimiques ont des antécédents d’anorexie ;
  • 20 % des anorexiques ont des conduites boulimiques (crises de boulimie et comportements compensatoires pour ne pas grossir, tels que vomissements, jeûne, hyperactivité physique, abus de laxatifs et de diurétiques).

Reconnaître les signes

Parmi les signes qui doivent alerter, on retrouve une préoccupation excessive du poids et de l’alimentation. L’image du corps est altérée et le malade se sent toujours trop gros, même quand il atteint une maigreur alarmante. Le déni de gravité de son état le pousse à vouloir perdre toujours plus de poids.

De nombreux stratagèmes sont développés pour éviter de se nourrir et maintenir l’entourage dans l’illusion d’une conduite alimentaire normale (du moins le pense-t-il) :

  • invoquer un régime ;
  • effectuer un tri alimentaire dans l’assiette ;
  • éliminer les aliments riches (sucrés et gras) ;
  • prétendre que l’on a déjà mangé ou que l’on n’a pas faim ;
  • cuisiner pour les autres, les resservir…

Malgré un état évident de dénutrition, on remarque une grande activité physique et intellectuelle, ainsi qu’un refus de la fatigue.

On observe également un certain état d’excitation, du moins au début de la maladie, tant le patient semble trouver dans son trouble alimentaire du réconfort et une solution pour maîtriser sa souffrance psychologique d’origine. Car en refusant de s’alimenter, la personne anorexique contrôle et organise un vide qu’elle situe au niveau corporel, afin de se défendre d’un vide au niveau psychique.

Un trouble du comportement alimentaire multifactoriel

Comme pour les autres TCA, cette maladie exprime une souffrance psychologique sous-jacente. Elle résulte de plusieurs facteurs : psychologiques, génétiques, familiaux, sociaux et environnementaux.

Parmi les facteurs génétiques et psychologiques, on retrouve dans le passé des patients :

  • des épisodes de dépression ;
  • des phobies ou des troubles anxieux ;
  • une mauvaise estime de soi ;
  • un perfectionnisme ;
  • un trouble de la personnalité ;
  • des antécédents familiaux de troubles de l’alimentation.

Par ailleurs, 40 % des patients souffrent de troubles psychiatriques associés : problèmes d’addiction, anxiété, trouble obsessionnel compulsif, troubles de la personnalité.

Longtemps pointées du doigt, les familles ne sont pas forcément à l’origine du trouble, bien que l’on retrouve parfois des maltraitances, des abus sexuels et autres problématiques familiales délétères. En revanche, le trouble anorexique d’un proche impacte lourdement toute sa famille. Il sera alors important d’inclure celle-ci dans la prise en charge.

Les facteurs socioculturels sont aussi souvent incriminés en raison des dictâtes de la mode qui font l’éloge de la minceur. Certains milieux s’en font davantage l’écho, tels que ceux de la danse, du sport de haut niveau ou du mannequinat.

À la puberté, un âge de chamboulement de l’image du corps et où le « qui suis-je ? » occupe une place centrale, il est courant que l’adolescent cherche la reconnaissance dans le regard de l’autre. Ces normes sociales de beauté peuvent alors nuire à la construction d’une image de soi saine.

Enfin, certains évènements de vie difficiles sont souvent retrouvés en amont du déclenchement de ce trouble alimentaire (deuil, séparation, traumatisme..).

Évolution et conséquences de la maladie

Les épisodes anorexiques peuvent s’installer plusieurs mois, voire plusieurs années. Ils durent en moyenne de 1,5 à 3 ans. Au-delà de 5 ans, on parle d’anorexie chronique.

Plus le trouble perdure, et plus le malade risque des complications psychologiques et physiques irréversibles, voire fatales. 5 % des patients décèdent. Il est donc important de consulter rapidement.

Les conséquences psychologiques et sociales

L’anorexie, comme tous les TCA, vient répondre à une souffrance psychologique. À travers ce trouble du comportement alimentaire, le malade trouve un moyen de contrôler son mal-être. Un contrôle sur son corps qu’il vit dans un premier temps dans un certain état d’excitation et de jouissance et qui lui apporte du réconfort.

Pourtant, cette illusion d’hyper contrôle ne tient pas dans la durée. Tôt ou tard, l’anorexique découvre que son trouble lui fait au contraire perdre le contrôle du contrôle, laissant à nouveau place au malaise d’origine. S’ensuit une dépendance au contrôle, au manque et au vide pour faire taire ce mal-être. Un cycle infernal dont il devient difficile de s’extraire, et qui aggrave une estime de soi déjà fragile.

Une hyperémotivité, de l’anxiété, des sautes d’humeur, des pensées obsessionnelles, de l’impulsivité (attaque contre soi) et une dépression peuvent apparaître. Des pensées suicidaires surviennent dans les cas les plus graves. Or, de tous les troubles psychologiques, le taux de suicide associé à cette maladie est le plus fort.

Enfin, on constate un repli sur soi, voire un isolement social allant jusqu’à l’abandon des études ou du travail, et qui va aggraver les symptômes.

Des séquelles physiologiques importantes

Sur le plan physique, on assiste à des problèmes de malnutrition (carences en fer, vitamines, potassium…) qui entraînent à long terme de sérieux troubles rénaux, cardiaques, osseux, hormonaux et cognitifs.

Si elle dure, l’aménorrhée augmente significativement le risque de développer des troubles de la fertilité et d’ostéoporose.

Chez les anorexiques qui ont des conduites boulimiques, on retrouve des lésions des organes digestifs, des dents et des gencives dues à l’acidité des vomissements.

Rarement, on trouve des complications liées à un mérycisme associé.

Anorexie : quel traitement ?

On peut guérir de ce trouble des conduites alimentaires, même si la route peut être longue. Les rechutes sont fréquentes et le risque de glisser ensuite vers un autre TCA, tel que la boulimie, est important.

Toutefois, après 5 ans, les ⅔ des patients sont sortis d’affaire. Plus le trouble est repéré rapidement, plus la guérison est efficace. Chez l’adolescent, on assiste à 50 % de guérison.

La prise en charge est multidisciplinaire afin de traiter efficacement les complications physiologiques et psychologiques. Lorsque le trouble met le patient en situation de risque vital (avec des troubles métaboliques graves et/ou des crises suicidaires), l’hospitalisation est incontournable. Sinon, des consultations spécifiques (médicales et psychologiques) ou un suivi hospitalier en ambulatoire seront proposés.

Si la reprise de poids est nécessaire, il est avant tout primordial de soigner la souffrance psychologique de l’anorexique, tant celle à l’origine du trouble, que celle qu’il aura engendrée, afin de rompre le cercle vicieux. Le thérapeute accompagne son patient pour qu’il comprenne ses troubles, qu’il apprenne à les gérer d’une manière adaptée et qu’il restaure son image corporelle et son estime.

Mais sans l’adhésion du malade au traitement, il est difficile de guérir. Surtout s’il est encore dans le déni de son trouble. Il faudra patiemment l’amener à reconnaître sa maladie et sa gravité. L’entourage peut alors être une aide précieuse dans cette prise de conscience.

Pour consolider la guérison, le suivi psychologique peut s’étendre jusqu’à plus d’un an après la rémission. Un long chemin donc, mais qui est la clé pour sortir définitivement de ce trouble et retrouver le plaisir de vivre. Car en refusant de s’alimenter, l’anorexique refuse avant tout de croquer dans la vie !

Vous ou un de vos proches souffre d’anorexie mentale ? Sortir de l’isolement est essentiel. Pascal Couderc, psychanalyste et psychologue clinicien à Paris et à Montpellier, est spécialiste des troubles du comportement alimentaire. Il assure des psychothérapies en cabinet ou à distance en visioconsultation. N’hésitez pas à le consulter.

psychothérapie des troubles du comportement alimentaire

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