Elodie

Quelle douleur de me souvenir de ce passé encore si présent…

J’ai bien tenté de résister. Non, moi aussi je dois écrire mon histoire. Non, je dois m’accepter en tant que détraquée psychologique…

Mon père ne comprend toujours pas. Ses paroles reviennent incessamment dans ma tête: ” Problème de bouffe ? Tu vas voir, un coup de pied au cul et ça va être vite réglé ! Tu es une petite fille gâtée “

Mon mari patiente. Il croit en une guérison possible.

Avec le temps on finit par vivre avec ce boulet. Adaptation, organisation, programmation. Mais jusqu’à quand ?

Longtemps j’ai hésité à surfer sur les sites de l’anorexie. Deux fois, trois fois je suis revenue ici. Puis j’ai ajouté l’adresse du site à mes ” favoris “. Hier, alors que j’avais un coup de cafard, j’ai retrouvé la communauté. La lecture de deux témoignages en entier m’a donné l’envie incontrôlable de dévoiler moi aussi mon vécu d’anorexique.

Chronologie : Evénements marquants

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 ans. Presque aucun souvenir de mon enfance. J’habitais dans un petit HLM d’Arras. Une scolarité sans problème mais toujours moins brillante que mon frère. Petite fille timide, renfermée, solitaire. Je restais souvent toute seule à la maison avec mon frère de 3 ans de moins que moi . J’adorais ma grand-mère (elle est décédée d’un cancer en 91).

11 ans. Emménagement dans une maison avec un jardin. Mes parents se disputaient de plus en plus. Naissance de mon petit frère (un peu plus de 10 ans de différence). Pas de problèmes particuliers.

12, 13, 14, 15 ans. A l’école j’avais un peu de difficulté en math. J’étais toujours aussi seule. Les autres écoliers se moquaient de moi. Fille complexée et triste. Personne ne me choisissait pour faire partie de l’équipe sportive. Aucun souvenir de mes parents. Si ce n’est que mon père le soir venait dans mon lit pour me dire bonne nuit… Aujourd’hui je me rends compte que c’était à deux doigts de dégénérer.

16 ans. Mon père me fit remarquer que je prenais du poids. Il se moquait souvent de moi et m’appelait ” Ciccia ” (= graisse en italien). Mon corps d’enfant se transformait en un corps de femme. Je ne m’étais jamais préoccupée de ce que je mangeais. Je me rappelle que j’avais un excellent appétit. A la visite médicale, j’étais considérée comme normale. 1m56 – 50 kg.