L’hyperphagie, ou hyperphagie boulimique, est le trouble du comportement alimentaire le plus répandu. Il est pourtant moins connu que l’anorexie ou la boulimie. Comme dans cette dernière, le malade connaît des crises irrépressibles de frénésies alimentaires, ou mange en grande quantité sous une forme de grignotage permanent, mais sans vomir ou adopter de comportements compensatoires, ce qui induit un surpoids, voire une obésité. L’hyperphagique est souvent prise à tort pour une personne gourmande, qui a de mauvaises habitudes alimentaires ou qui se laisse aller. Le diagnostic est souvent posé tardivement. Pourtant, elle cache une réelle souffrance psychologique qui nécessite un accompagnement thérapeutique. Pour en sortir, découvrez comment repérer et traiter ce TCA.
Sommaire
L’hyperphagie : définition
Bien qu’on parle d’hyperphagie boulimique, ce trouble alimentaire présente un tableau clinique différent de la boulimie.
De grandes quantités de nourriture sont ingurgitées tout au long de la journée et sans pouvoir s’en empêcher sous forme d’un grignotage permanent, mais sans essayer de compenser l’excès de calories avalées. Ces pulsions alimentaires se vivent comme un trouble de l’addiction et entraînent généralement une prise de poids importante, voire une obésité modérée à morbide en l’absence d’un traitement adéquat.
Symptômes du trouble hyperphagique
Le diagnostic est posé en présence de comportements spécifiques.
- Le patient connaît au minimum une crise hyperphagique par semaine, durant au moins 3 mois consécutifs.
- Comme dans la boulimie, les patients ne peuvent s’empêcher de manger et éprouvent une sensation de perte de contrôle.
- Aucun comportement compensatoire n’est adopté (vomissement, exercice physique intense, laxatifs, diurétiques, etc.).
- Chaque épisode hyperphagique s’accompagne d’au moins 3 de ces critères :
- les aliments sont mangés toute la journée ;
- la personne mange sans sensation de faim ;
- la nourriture est ingurgitée jusqu’à ressentir une pesanteur dans l’estomac ;
- l’épisode se déroule généralement en cachette, car la personne a honte de son comportement ;
- après la prise alimentaire, la personne se sent déprimée, coupable et éprouve un dégoût d’elle-même.
Qui est touché ?
Ce trouble affecte 3 à 5 % de la population. Quasiment autant d’hommes que de femmes en sont atteints. On diagnostique principalement des adultes, bien que des formes précoces existent.
Puisqu’elle est mal connue, il y a certainement une sous-évaluation des patients réellement touchés par l’hyperphagie. Elle apparaît vers 20 ans, mais la 1re consultation s’effectue en général entre 30 et 50 ans.
Par ailleurs, les personnes évoquent leur surpoids, mais rarement leur trouble du comportement alimentaire. Cela induit également un diagnostic tardif qui peut expliquer une prévalence de cas d’adultes.
Les causes de l’hyperphagie
Comme pour la boulimie, l’origine de ce trouble est multifactoriel : biologique, psychologique, environnemental, social et familial.
Parmi les facteurs psychologiques, on retrouve principalement :
- une dépression réelle, exprimée ou non ;
- une faible estime de soi ;
- des troubles anxieux ;
- et des difficultés relationnelles.
La frénésie alimentaire vient compenser un état dépressif. Elle sert aussi de consolation lorsqu’on se sent anxieux, seul, fatigué ou pour combler l’ennui. C’est comme si le malade en venait à « manger ses émotions ». Ce schéma est d’autant plus ancré si dans l’enfance, la famille utilisait la nourriture pour récompenser ou réconforter.
Par ailleurs, les personnes hyperphagiques sont conscientes de leur addiction à la nourriture et elles ont la volonté d’en sortir. Ainsi, elles ont souvent recours à des régimes amincissants et s’inquiètent de leur alimentation. Mais dans un contexte dépressif, les régimes restrictifs les conduisent à l’échec et aggravent considérablement le syndrome.
Une santé physique et psychologique mise à mal
Ce trouble de l’alimentation a des répercussions importantes sur la vie des malades. Il engendre en premier lieu des troubles métaboliques divers liés notamment au surpoids, voire à l’obésité :
- malnutrition ;
- problèmes de cholestérol ;
- hypertension ;
- troubles cardiaques ;
- diabète ;
- et baisse de la fertilité.
Les conséquences psychologiques sont également majeures et doivent alerter. En essayant de compenser un mal-être déjà présent, l’hyperphagique voit au contraire sa souffrance croître. À l’instar du boulimique, il éprouve de la honte, de la culpabilité et un dégoût de soi qui impactent une estime de soi déjà défaillante.
Cette mésestime a des retentissements sur sa sphère sociale et professionnelle. On observe un repli sur soi, voire un isolement social qui s’installe sur le long terme.
D’autres troubles psychologiques peuvent alors se développer : anxiété, dépression, idées suicidaires et troubles de l’addiction.
Comment traiter l’hyperphagie ?
Pour en sortir, il est fondamental de soigner les troubles psychologiques qui sont à l’origine de son déclenchement. Un accompagnement thérapeutique (assorti éventuellement d’un traitement par antidépresseur) est la solution qui donne les meilleurs résultats.
La psychothérapie individuelle, d’inspiration psychanalytique ou comportementale, a pour objectif d’améliorer la faible estime de soi qui est au cœur du mal-être du patient hyperphagique.
Il s’agit aussi d’apprendre à gérer les émotions, l’anxiété, le mal-être et la solitude grâce à des comportements adaptés. Ainsi, le patient peut sortir de ce cycle infernal de la nourriture-drogue et retrouver un rapport sain et apaisé avec l’alimentation.
En complément, une prise en charge nutritionnelle peut aider à retrouver un bon équilibre alimentaire et le plaisir de manger.
Sortir d’un TCA seul est mission impossible. Pourtant, il est tout à fait possible de guérir. N’hésitez pas à demander de l’aide et à consulter. Pascal Couderc, psychanalyste et psychologue, spécialiste des troubles du comportement alimentaire, vous reçoit à Montpellier, Paris ou à distance en visioconsultation.