La compulsion dans les T.C.A

Si les troubles alimentaires sont bien souvent complexes à se représenter, c’est parce qu’un nombre immense de mécanismes plus ou moins inconscients entrent en jeu. Certains symptômes sont physiques, d’autres psychiques. D’autres sont les deux, comme c’est le cas pour les compulsions. D’où surgissent-elles, et où se définit la limite de la pathologie ?

Si les troubles alimentaires sont bien souvent complexes à se représenter, c’est parce qu’un nombre immense de mécanismes plus ou moins inconscients entrent en jeu. Certains symptômes sont physiques, d’autres psychiques. D’autres sont les deux, comme c’est le cas pour les compulsions. D’où surgissent-elles, et où se définit la limite de la pathologie ?

Les compulsions, qu’est-ce que c’est ?

Le mot pulsion trouve son origine dans le latin pulsio. Il signifie littéralement, l’action de pousser. C’est un concept majeur en psychologie, car il définit un processus dynamique inconscient. Cette force inconsciente nommée pulsion, crée dans l’organisme un état de tension en réponse à une réalité psychique.

Les compulsions sont caractéristiques des troubles du comportement alimentaire. Elles surgissent de l’ombre et secouent la personne atteinte de boulimie ou encore d’hyperphagie. Le sujet est saisi de tout son être, il n’a plus qu’une seule chose en tête. Il ne contrôle rien, et est soumis à cette emprise soudaine.

La crise de compulsion alimentaire est la consommation d’une quantité très importante d’aliments, en un temps assez court. Sans faim réelle, la compulsion se dégage d’un besoin vital. La compulsion est pathologique dans le cas où la quantité ingérée pousse l’au-delà et s’accompagne ou se suit d’un sentiment de perte de contrôle, de honte et même de dégoût de soi.

Les conséquences sur le long terme sont désastreuses. Les malades sont pris au piège de leurs troubles alimentaires, et s’enfoncent peu à peu toujours plus dans cette spirale du vide ou du trop plein.

Aliénation des compulsions

C’est l’une des caractéristiques principales des T.C.A. : la pratique compulsive orientée vers la nourriture. En effet, la vie du malade est régie par cette obsession pathologique autour d’un même sujet, l’alimentation.

Le diktat de la nourriture consiste en une compulsion. Cette dernière agit telle une poussée survenant de l’intérieur et, qui dirige la pensée et le comportement du sujet en l’aliénant malgré lui. Il n’a plus le contrôle et ne peut agir ni sur sa pensée, ni sur son comportement.

Les troubles alimentaires prennent le contrôle de son cerveau à ses dépens, et l’enchaînent à des comportements hors de son contrôle. Ces comportements, et tout particulièrement les compulsions, sont épuisants. Le malade n’a pas de pédale de frein. Il est poussé dans une descente à toute vitesse, décuplée par les remords et la honte qui l’entraînent toujours plus vite et plus loin dans ses troubles.

On comprend dès lors que, ce qui motive la personne atteinte d’un trouble des conduites alimentaires dépasse le raisonnable, l’entendement et le contrôle. La motivation est quasi inconsciente et s’abat sur elle comme une tendance impérieuse. La tentative de reprise de contrôle est vaine : c’est la maladie qui l’entraîne.

C’est le cas par exemple, pour le sujet anorexique qui s’impose le réflexe d’une dénutrition, et qui n’arrive plus à manger. Le plus petit quartier de pomme est une montagne à gravir. C’est aussi le cas pour le sujet boulimique qui se rue sur la nourriture, par une perte de contrôle de soi. Les paquets de gâteaux et même les légumes congelés y passent : la nourriture n’est plus nourriture, elle est objet. Ou encore le sujet hyperphagique, qui subit ses prises de nourriture continues et automatiques, sans aucune prise sur le volant du véhicule de l’emprise.

Conséquence des compulsions

Conséquences psychiques

Les conséquences des compulsions sont désastreuses pour le psychique de la personne qui en souffre.

Le sujet atteint par ces troubles alimentaires est dépendant de sa maladie, et c’est tout son psychique qui se déséquilibre. Le plaisir se mêle à la culpabilité, l’humeur se trouble créant une instabilité féroce et épuisante.

Les compulsions sont un fardeau qui pèsent sur la personne malade. La dévalorisation de soi et le renforcement de la culpabilité sont exponentielles : tout est dévasté.

Conséquences physiques

Les conséquences de ces compulsions sont également physiques. En effet, la prise compulsive de ces aliments souvent gras, sucrés et salés, en grande quantité est néfaste à terme.

Le corps est noyé sous l’amas d’aliments ingérés et c’est son fonctionnement global qui est altéré. Maladies métaboliques, troubles du sommeil, perturbation du flux sanguin ou encore du fonctionnement des organes.

Mode d’emploi pour les proches

Apprendre et comprendre

Comprendre n’est pas toujours chose simple. Les proches et l’entourage des personnes souffrant d’un trouble des conduites alimentaires demeurent souvent dans l’incompréhension du trouble.

Ils éprouvent des difficultés à concevoir que le sujet ne puisse pas se contrôler et surtout, qu’il ne puisse pas s’empêcher de se faire du mal. L’entourage des individus exposés à ces compulsions peinent à comprendre comment on peut en arriver à perdre toute maîtrise de soi, au point de s’infliger tant de souffrance.

Il s’agit souvent pour eux, d’une question de volonté : « tu ne peux pas t’empêcher de te faire du mal alors que tu n’as qu’à décider de ne pas t’en faire ; c’est bien toi qui agit, il n’y a personne d’autre que toi qui puisse se comporter à ta place ! » ou encore “mais pourquoi tu manges si tu n’as pas faim, arrêtes toi!”.

Ce discours affecte particulièrement les individus souffrant de T.C.A car il intensifie leur sentiment de culpabilité.

Accompagner

Les personnes atteintes d’un trouble des conduites alimentaires sont les seules à concevoir que ce n’est pas elles qui choisissent mais la compulsion dont elles sont victimes.

Ainsi, même si ces troubles sont parfois difficiles à comprendre ou se représenter, il est important d’accompagner son proche dans son parcours. Se renseigner sur la maladie et ses conséquences, peut-être même son origine. Accompagner, sans juger ni ternir une situation déjà invivable pour le sujet atteint de ces troubles du comportement alimentaire.

Se faire accompagner par un professionnel, qui pourra répondre à des questionnements, des peurs ou des interrogations est essentiel. Un thérapeute en ligne, comme un psychologue spécialisé dans les troubles alimentaires, saura vous accompagner sur cette voie de la compréhension et de la résilience.

Pascal Couderc, psychologue clinicien, psychanalyste et auteur, fondateur de boulimie.com en 1998, vous accompagne dans ce cheminement. Il exerce à Paris, Montpellier et en visio consultation.