Méconnu, le mérycisme est un trouble du comportement alimentaire rare qui touche principalement les enfants de 3 mois à 1 an, et plus rarement les adultes. Du Grec mêrukadzein qui signifie rumination, ce TCA consiste à régurgiter volontairement de l’estomac à la bouche des aliments après leur ingestion 10 mn à 1 heure auparavant. Ceux-ci sont à nouveau mastiqués, ruminés, puis généralement ravalés. Ce trouble psychologique se différencie des vomissements et du reflux gastro-œsophagien, qui eux sont involontaires. En quoi consiste ce trouble de l’alimentation, quelles en sont les causes et les complications, et comment en sortir ? Pascal Couderc, psychologue clinicien à Montpellier et à Paris, spécialiste des troubles alimentaires, vous explique.
Sommaire
Qu’est-ce que le mérycisme ?
Symptômes et définition
Longtemps pris à tort pour une anomalie œsophagienne, le mérycisme est un trouble des conduites alimentaires atypique.
Chez l’enfant comme chez l’adulte, il se confirme par la présence de 2 symptômes :
- la régurgitation ;
- et la rumination d’aliments déjà avalés.
Comme pour d’autres TCA, il peut être considéré comme un trouble de l’addiction. En effet, la personne qui en souffre développe une véritable dépendance à ce comportement alimentaire.
Cette pulsion irrépressible est cependant différente des crises de compulsions alimentaires que l’on retrouve dans les conduites boulimiques ou dans le trouble de l’hyperphagie.
Il ne s’agit pas d’un besoin impérieux et addictif de manger en grande quantité et rapidement de la nourriture. Bien que l’on retrouve un sentiment de « ne pas pouvoir s’en empêcher », ce trouble de l’alimentation est lié à la notion de plaisir, ce qui n’est pas le cas dans les crises de boulimie.
Par cette remontée volontaire des aliments, la personne revit, inconsciemment ou non, la satisfaction qu’elle a vécue une première fois quand ils sont entrés dans sa bouche. Un double plaisir même, puisqu’une bouchée est « savourée » deux fois, sans avoir à reprendre de la nourriture, et risquer de grossir.
Il semble que l’acidité apportée aux aliments par les sucs gastriques leur confère un goût particulier. Il est apprécié par les individus, de la même manière que certaines personnes aiment la nourriture acidulée.
Malgré ces notions de plaisir, un sentiment de honte est présent lorsque le trouble se vit en présence d’autres personnes. Il ne doit pas être minimisé.
Un comportement de rumination appris
Ce trouble psychologique résulte d’un apprentissage. Il n’est pas lié à une malformation ou une pathologie gastrique telle que le reflux-gastro œsophagien. Il n’a rien à voir non plus avec les vomissements qui sont provoqués par une contraction violente du diaphragme.
Il consiste en une aspiration thoracique obtenue par la relaxation volontaire du diaphragme et de la partie basse de l’œsophage.
Une manœuvre qui n’est toutefois pas sans risques. Car à force de commander à volonté la porte d’entrée de l’estomac (le cardia), les patients atteints de ce trouble de l’alimentation la fragilisent. C’est pourquoi le reflux est souvent une complication associée.
Les causes et les conséquences de ce TCA
Le mérycisme infantile
Même si les bébés sont les principaux sujets touchés par ce trouble alimentaire, il peut parfois perdurer ou se déclencher durant l’enfance ou l’adolescence.
Il est visiblement lié à une perturbation relationnelle et affective entre l’enfant et son entourage. On retrouve par exemple des problématiques de dépression post-partum de la mère, des maltraitances, des hospitalisations longues des enfants. Autant de situations qui fragilisent les liens relationnels familiaux et qui sous-tendent des carences affectives chez le jeune patient.
Le trouble devient un pansement réconfortant qu’il utilise lorsqu’il est seul. Car ce comportement de rumination apparaît surtout en l’absence de l’entourage. Dès qu’il perçoit un adulte, l’enfant cesse de ruminer.
Chez le bambin, une rémission spontanée est souvent constatée après quelques mois, généralement sans conséquences physiques.
Par contre, chez les plus grands et les adolescents, en plus d’un reflux gastro-œsophagien associé, on peut observer un retard de croissance, une déshydratation et une dénutrition.
Et chez l’adulte et l’adolescent, quelles différences ?
Comme pour l’adolescent, les conséquences somatiques observées sont le reflux gastro-œsophagien, la dénutrition et la déshydratation.
Un sentiment de honte est également vécu quand le malade ne peut s’empêcher de ruminer en présence d’autrui. Un malaise qui peut déboucher sur un isolement social qui aggrave le syndrome.
Dans 20 % des cas, le mérycisme adulte est également associé à un trouble boulimique ou à une anorexie mentale.
Une association qui fait plutôt sens, puisqu’avec une seule bouchée, le malade peut doubler son plaisir en éliminant la nécessité de se resservir. Il évite ainsi le risque de grossir, véritable peur phobique que l’on retrouve chez les patients atteints de ces deux TCA.
Chez ces derniers, les complications les plus graves que l’on observe sont les conséquences directes de l’anorexie ou de la boulimie.
Comment traiter le mérycisme ?
Différents traitements médicamenteux ont été testés tels que les antivomitifs ou les antidépresseurs. Aucun d’entre eux ne s’est montré efficace. Le suivi psychothérapeutique a quant à lui fait ses preuves auprès de ces malades.
En dehors des rémissions spontanées, chez l’enfant, une thérapie familiale est indiquée. Elle a pour objectif d’aider le jeune patient à créer ou recréer des liens affectifs sains et sécurisants avec son entourage.
Chez l’adulte, une thérapie individuelle analytique ou comportementale l’aidera à comprendre la dépendance à son trouble, à adopter de nouveaux comportements et à guérir ses carences affectives.
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