La minceur est culturellement associée à la beauté, la réussite et le contrôle de soi. Mincir apporte l’illusion d’une maîtrise de soi, d’une toute puissance. La personne boulimique perçoit la minceur comme la solution à tous ses problèmes d’adaptation. Le désir de minceur est obsédant. Maigrir devient une conduite d’évitement, qui soustrait le sujet à une situation d’échec.
Dans une société qui valorise l’apparence, la peur d’être grosse et la perception négative de son propre corps expriment une importante auto-dévalorisation, des sentiments d’inadéquation et d’incompétence. Des pensées dysfonctionnelles (ou faux jugements) soutendent les conduites boulimiques: la minceur, l’apparence physique deviennent les seuls critères de la valeur personnelle. Mais ces distorsions cognitives ne se cantonnent pas à la nourriture et au corps, elles s’étendent à l’ensemble de la conception de soi et des relations sociales. Le mode de pensée est rigide et tyrannique. Le sujet s’impose des règles inflexibles, de nombreuses obligations. Se mettent en place des stratégies, un fonctionnement sur le mode du ” tout ou rien “, sans nuance, sans compromis ou indulgence.
On observe des comportements ou propos alimentaires : les aliments sont étudiés, classés (bon ou mauvais), le sujet élabore des règles de conduite alimentaire… La moindre entorse à ces règles entraîne le sujet à conclure à l’échec total. Le sujet se fixe des buts inatteignables, extrêmes. L’impossibilité à y satisfaire entraîne des sentiments d’impuissance et d’incapacité. La réussite totale n’a qu’une alternative : l’échec dont l’intensité est à la mesure des objectifs fixés.
La personne boulimique sabote elle-même ses efforts. Elle obtient alors la confirmation de son peu de valeur. Ce qui à long terme entraîne des attitudes de repli, et l’aggravation des troubles de l’estime de soi. La déception du corps est permanente. La personne boulimique est toujours insatisfaite de son corps, de son apparence, quelle que soit par ailleurs réalité de ce corps, perçue par autrui. Le sentiment d’auto dévalorisation est très présent.
Les crises boulimiques peuvent causer un sentiment angoissant de perte de contrôle. Les vomissements, qui permettent de maigrir tout en mangeant, sont renforcés (entretenus) par la suppression qu’ils entraînent de la peur de grossir, et par l’illusion d’une maîtrise de soi retrouvée. Cependant, la perte de contrôle des conduites boulimiques (l’incapacité à stopper l’ingestion et les vomissements) provoque un sentiment d’impuissance.
Le sujet est convaincu/vaincu par la conviction de ne pouvoir échapper aux symptômes auxquels il s’abandonne sans lutter.