Les T.C.A. : un monde à soi

Les troubles alimentaires sont comme une prison. Une prison où le prisonnier serait le malade et où le geôlier serait la maladie, inconsciemment commandée par l’esprit du malade pour le protéger de lui. La raison de l’enfermement est la protection du malade de certaines douleurs qui tentent de le rattraper. Il se cache, dans son fort intérieur, hors du monde extérieur. Les troubles du comportement alimentaire sont un monde à soi. Un monde de douleur et de ligne de défense contre la lourdeur de l’existence.

L’emprise des T.C.A.

« Chacun de nous a son passé renfermé en lui comme les pages d’un vieux livre qu’il connaît par cœur, mais dont ses amis pourront seulement lire le titre. » – Virginia Woolf

Les TCA marquent l’emprise insoutenable d’un trouble sur un individu. Le trouble est douloureux et destructeur. Il marque à la fois un rempart contre le monde intérieur, et le monde extérieur. Contre soi-même, et contre les autres.

Les troubles alimentaires s’installent en roi dans l’esprit du sujet. Un roi séquestrateur qui prendrait le contrôle total de l’esprit de sa victime, comme une hypnose incontrôlée. La tension est forte, et le sujet perd peu à peu tout contrôle de son esprit et de son corps.

Dans cette emprise unilatérale, la destruction règne en maître. Faute de solution momentanée, la personne atteinte de ces troubles perd tout espoir de volonté ou de lueur de reprise du contrôle.

Le sujet est aliéné, assujetti à lui-même. Contre sa volonté, les troubles du comportements alimentaires, comme l’anorexie, la boulimie ou encore l’hyperphagie, s’emparent de lui. La personne atteinte est alors prise dans les filets de l’obsession, à ses dépens.

La perte de contrôle dans les TCA

Comme dans toute relation d’emprise, les T.C.A. provoquent un séisme de perte de contrôle. L’instinct de raison est tu, l’attention se décroche et le feu de la vie diminue.

Le trouble psychique s’empare de la personne atteinte à ses dépens et dévastent tout sur son passage : la volonté d’espérance, la volonté de contrôle, et la liberté de penser et d’agir. L’anorexie, la boulimie, ou encore l’hyperphagie ruinent toute espérance et lueur d’espoir du sujet.

L’emprise est telle, que la prise de contrôle est en réalité une prise en otage. Le sujet est à la merci de son bourreau : la maladie. Elle en vient alors à ne vivre que pour se faire du mal, créer ou crier une souffrance.

Jour après jour, la personne atteinte de troubles du comportements alimentaires se vide. Elle se vide de son énergie, de sa force vitale. Tout devient une épreuve, et la victime, épuisée, s’enfonce peu à peu dans un cercle vicieux toujours plus mortifère de la maladie.

C’est en ça que se cache un des plus gros paradoxes des troubles alimentaires. L’anorexie, la boulimie ou même l’orthorexie, sont une formation de l’esprit, un mécanisme de défense psychique, venant répondre à une douleur insurmontable pour l’esprit. Or en tentant de surmonter cette réalité, l’esprit est pris au piège d’un jeu pernicieux, qui le consume à ses dépens. Il est assujetti à sa maladie, et parallèlement, ses problématiques frappent à la porte. C’est la double peine.

Rempart

Car en effet, au-delà de l’emprise mortifère, les troubles du comportement alimentaire sont “utiles” au sujet malade. La personne qui en est atteinte, se sert inconsciemment de son trouble afin de se protéger d’une réalité trop lourde.

Les troubles alimentaires s’imposent et emprisonnent le sujet. Ils viennent ainsi compenser une perte de contrôle, lors des pratiques alimentaires pathologiques. Les T.C.A. constituent ainsi un rempart, une forteresse pour l’individu en souffrance. Ils deviennent d’un côté l’ennemi de la personne atteinte, et de l’autre leur allié.

En effet, l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie représentent un objet, quelque chose de palpable, sur lequel le sujet aura le contrôle. Il aura même dessus, une emprise totale, car c’est la seule chose qui lui appartienne et sur laquelle il a la mainmise.

En réalité, l’individu n’est pas son trouble, mais a son trouble. C’est le seul moyen pour lui de se sentir sujet,  justement parce qu’il contrôle un objet extérieur à soi, la nourriture, à défaut de contrôler son objet intérieur : un mal-être psychique.

Les T.C.A. sont ainsi à la fois une prison mentale et un rempart à la douleur. Ils permettent, en un sens, de faire recouvrir au sujet son identité en tant que telle et ainsi son libre-arbitre. Mais bien rapidement et avec beaucoup de souffrance, les troubles du comportement alimentaire s’installent et monopolisent le sujet, alors coincé et écartelé d’une souffrance insoutenable.

Un monde à soi ?

On parle souvent des troubles du comportement alimentaire, comme d’un monde à soi. En effet, ces troubles isolent, détruisent et meurtrissent. Tout est si fort à l’intérieur, si décuplé. Les émotions se bataillent sans cesse, ne laissant plus la moindre place au monde extérieur.

Le sujet est intérieurement seul face à sa maladie, et aux bagages émotionnels auxquels il tente de faire face. Il n’a personne d’autre que lui sur qui compter, et plus aucun soulagement extérieur ne peut trouver sa place.

Peu à peu, le sujet souffrant de ces troubles du comportement alimentaire s’isole. Il s’isole intérieurement, mais aussi extérieurement. Du regard, de l’incompréhension, des moqueries ou même de la honte face aux autres.

Sortir de cette prison psychique demande du courage et beaucoup de force. Il est important de consulter un professionnel de la pathologie, comme un psychologue spécialisé en troubles du comportement alimentaire, un psychiatre ou un psychanalyste. Il est vital de s’entourer et de prendre sa maladie à bras le corps.

Consulter un psychologue en ligne permet d’accéder rapidement à l’accompagnement adéquat. Dans une neutralité bienveillante et une écoute attentive, le professionnel vous accompagne dans votre cheminement face à votre maladie, ou face à celle d’un proche.

” Ce qui sauve, c’est de faire un pas, encore un pas ” – Saint-Exupéry

Pascal Couderc, psychologue clinicien, psychanalyste et auteur, fondateur de boulimie.com en 1998, vous accompagne dans ce cheminement. Il exerce à Paris, Montpellier et en visio consultation.