Les T.C.A : un pousse-au-crime

Dans les T.C.A, la nourriture s’illustre comme une clef de voûte : elle est à la fois ce qui apaise et fait souffrir la personne. Que ce soit dans l’anorexie, la boulimie ou encore l’hyperphagie, on pourrait considérer la nourriture comme un pousse-au-crime, c’est-à-dire comme quelque chose qui motive le sujet, que ce soit pour son bien ou pour son mal.

Les T.C.A : un pousse-au-crime ?… La logique vicieuse des pathologies affectant les comportements alimentaires apparaît très nettement. Le sujet qui souffre d’anorexie fait un effort surhumain pour se retenir de manger, à tel point qu’il compense son excédent d’énergie à l’extérieur (exercice physique intensif, dépenses d’argent astronomiques, multiplication des tâches journalières…). Pour mieux comprendre, imaginez un plongeur en apnée : il retient si longtemps sa respiration sous l’eau que sa première réaction, une fois revenu à l’air libre, sera d’inspirer si fort qu’il en viendra à suffoquer et son cœur, à battre la chamade. Dans la boulimie, l’image du pousse-au-crime est plus facilement représentable : plus on s’abstient de manger, plus on ressent le besoin de le faire. Enfin, le sujet hyperphagique est d’autant plus enclin à se nourrir de manière continuelle qu’il cède à la tentation de la nourriture. Soit dit en passant, il est très fréquent de relever un épisode anorexique chez les individus souffrant de boulimie. S’étant tellement privés de nourriture pendant des jours entiers, ils ont abandonné leur souci de maîtrise pour se livrer aux crises de boulimie, où la perte de contrôle est centrale. A trop vouloir taire leur faim, ils s’adonnent à des pratiques alimentaires où ils crient leur souffrance.

Si les T.C.A représentent un pousse-au-crime, c’est bien parce qu’ils incitent le sujet à ne plus répondre de lui-même, à perdre tout contrôle sur la nourriture. Chasser un plaisir naturel, il revient au galop.