Je m’appelle Nadine
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J’ai été boulimique pendant plusieurs années
Je ne m’en rendais pas vraiment compte, je ne l’acceptais pas, puis, c’était malgré moi.
Je n’ai jamais été mince, je suis devenue ronde.
Vraiment.
Je ne parle pas de taille 42 mais de soixante dix kilos pas toujours bien vécus, mais que je compte diminuer sans me détruire, patiemment.
Mais je crois que l’essentiel n’est pas tant le nombre de kilos.
Ce ne sont que des signes.
J’ai commencé ma démarche pour quitter cette maladie par une prise de conscience longue et parfois pénible, mais salvatrice avec mon psychologue. J’ai compris que je ne savais pas me protéger de l’extérieur, J’obéissais aux peurs d’une mère bien intentionnée mais très angoissée et aux moindres désirs d’un compagnon peu équilibré et aussi peu franc face à lui-même que vis-à-vis de moi.
Je ne règle pas ici mes comptes, je comprends et je n’en veux à personne. Chacun a sa vie, ses soucis, ses doutes profonds à vivre et à exprimer, certains réagissent de façon plus harmonieuse que d’autres…
Après, j’ai compris que je me remplissais pour combler un vide profond, lointain, un manque d’amour. Je n’ai pas été délaissée, mais trop protégée, et j’ai perdu mes repères.
Je n’ai jamais eu la certitude d’être aimée avec mes défauts et mes manques, malgré une vie plutôt simple.
J’ai réalisé que je devais mieux m’écouter, être capable de me soigner, de prendre soin de moi, au lieu de céder aux autres, à mes envies de chocolat, de fromage ou de sorties à la place de m’ateler à mes obligations.
Je me suis bien sortie de tout cela, j’ai en général de la facilité pour tout ce qui est “intellectuel”, comme on dit et ma thérapie a été salvatrice. Je suis musicienne, ce qui implique des périodes de doutes, de stress, mais aussi des moments magiques…
J’ai arrêté de me faire vomir un 16 septembre dernier.
J’ai quitté mon ami quelques semaines plus tard, même si ça a pris des mois… La décision a été prise et dite là.
J’ai décidé de vivre seule dans un chez moi, ce qui était difficile à accomplir, par manque d’argent et parce que finir des études de musique en donnant des cours pour s’en sortir est lourd.
Ces grands changements m’ont beaucoup isolée, dans un premier temps. J’ai fait quelques rechutes, pendant une période, surtout.
J’ai avoué ma maladie à quelques personnes, parfois assez éloignées, pour ne pas avoir à assumer leur regard trop souvent, sans doute.
Je crois que tout est parti d’un “non” que j’ai vraiment assumé jusqu’au bout il y a quelques années, déjà. J’ai refusé un enfant, malgré mes rêves de maternité, pour tous les espoirs que je voulais sauver : mes études, un vrai couple, et un vrai foyer, pas cette relation destructrice.
Pour pouvoir offrir à un petit être la chance de naître d’un amour et d’être attendu et non redouté comme la cause de mille renoncements mal vécus. Qu’on ne me juge pas là-dessus, j’en ai trop entendu. Je règlerai ça avec Qui de droit s’Il existe. Quoi qu’il en soit, je me suis opposée à mon ami, je n’ai rien dit à ma famille, je n’ai pas suivi les rêves de ma meilleure amie.
Et je ne regrette que d’avoir peut-être mêlé une tierce personne à mes déboires. Mais c’est cet événement qui a été le déclic. Il m’a fallu le temps de “digérer” (et les mots ne sont pas innocents, dans ce contexte !) , mais ça a été le déclic.
Me préserver, ne pas tout accepter,
même si j’ai une grande capacité d’empathie, que je suis vite sensible à la situation de celui qui est en face de moi.
Ma boulimie, je crois que c’était ça.
Avaler tout, être capable de tout encaisser pour ne pas compliquer la vie des autres. Et puis un jour, à force de trop avaler, j’ai eu besoin de recracher le trop plein, de rejeter.
Symboliquement, puisque je ne m’avouais rien, que je ne voyais pas. Et parce qu’on m’a appris à être tolérante, gentille, sensible, à l’écoute, etc., que j’ai trop bien appris mes leçons et que je suis un peu lâche, sans doute.
Lorsque tout cela est devenu clair, j’ai pu arrêter. Je dois encore régler mon poids, car si je ne vomis plus, je mange encore trop lorsque les choses sont trop compliquées. Mais je suis stabilisée, et j’ai l’idée que je vais m’en sortir. Je sais que je reste fragile par rapport à tout ce qui touche l’alimentation, mais ma vie se remet dans l’ordre.
J’espère que ceux et celles qui me liront trouveront dans ces lignes une aide ou un réconfort, aussi petit soit-il…
Amicalement,
N.