Tu ne gagneras pas, de Sarah

Et si j’arrêtais mes compulsions ?

Merci…

Un merci à double tranchants.

D’abord merci.
Merci d’avoir été présente dans ces moments difficiles pour moi, merci d’avoir calmé mes angoisses (surtout les plus fortes), merci de m’avoir apaisée et rassurée. Merci d’avoir chassé mes moments de tristesse et de colère ! Merci aussi à ton amie la gourmandise, la petite chipie qui me faisais acheter des pop corn au cinéma ou autres sucreries (le salé fonctionnait aussi très bien) afin d’occuper mon temps devant la télé.
Sans toi, je n’aurais jamais rencontré cette formidable femme du nom de Frédérique Châtaignier qui m’a encouragé dans mes premières démarches de guérison contre la maladie. Un peu plus d’un an après, a suivi cet Institut de Diabétologie et de Nutrition du Centre à Mainvilliers (28000) où une équipe pluridisciplinaire m’a à leur tour indiqué le chemin de la vie seine. Sans toi, je n’aurais jamais fais la rencontre de ces fabuleux hommes et femmes avec qui nous avons pu partager nos histoires communes et uniques à la fois.

Ce soir, pour la première fois j’ai envie de me confier à toi.

Ne crois tu pas qu’il serait grand temps de couper le cordon toi et moi ?

Jamais. Tu m’entends ? Ô grand jamais, je n’irai consulter un chirurgien pour qu’il ne me coupe ou me réduise l’estomac que tu as si vicieusement agrandi. Non. Je ne rencontrerais jamais un chirurgien pour ce type d’opération car il est hors de questions que je te laisse gagner la bataille. À vous, chers lecteurs qui êtes entrain de me lire et qui vous êtes fait opéré, j’ai un profond respect pour vous car j’imagine que cela a du être un bouleversement énorme dans votre vie !! Et je ne parle même pas du courage et de l’énergie à y déployer. Soyez fiers de vous !

Je m’imagine assez bien cette scène: derrière moi cette immense bâtisse de plusieurs milliers d’hectares qui renferme une expo sur ta personne. Jusque là c’est la classe pour toi 😀 mais un conseil d’amie: profite! Car ça ne va pas durer… Sans vraiment comprendre ce qu’il se passe et sans savoir à quelle sauce tu vas être mangée, tu savoures cet instant, tu jubiles et tu te sens toute puissante (un peu comme à tes habitudes d’ailleurs). Mais moi aussi je jubile! Je dirais même que je suis assez fière de moi 🤗 car cette exposition, j’en suis la Présidente. Des milliers de personnes attendent. Ils attendent que j’ouvre (enfin) les portes de ce sanctuaire si particulier. C’est pour moi un jour unique et symbolique car je sais qu’à la fin de la journée ce lieu sera dévasté par ces milliers de gens innocents et sincères, parfois naïfs que tu tues à petit feu chaque jour. Ne dis t’on pas que la roue tourne? Et bien à ton tour d’être piétinée, insultée, humiliée, détruite et tuée. J’ai en face de moi des milliers d’hommes et de femmes, d’enfants qui attendent et qui ne tiennent plus en place. Ils sont comme lions en cage. Mais avant de lâcher tous ces petits fauves dans cette arène, je tiens à leur lire une lettre. Cette lettre que je t’adresse:

« Mes chères compulsions,
On s’était dit rendez vous dans dix ans, même jour, même heure. Ah non !!! Je confond avec la chanson de Patrick Bruel, autant pour moi :p C’est simplement une coïncidence que je t’écrive dix ans après notre rencontre.
Tu as débarqué dans ma vie, je n’étais que collégienne, en quatrième ou en troisième je ne sais plus. Je me souviens être au collège de la Sainte Famille à Amiens dans la Somme, en Picardie (nouvellement Haut de France). Mes premières années comme interne, loin de mes parents que je ne voyais qu’un weekend sur deux car divorcés. Un jour, tu t’es malgré moi imposée dans ma vie. Doucement. Mais sûrement. Sans que je comprenne ni pourquoi ni comment, encore moins qui tu étais et ce que tu me voulais ! Je dirais même que tu as fais ton coup en douce car je n’ai même pas remarqué ta présence. J’étais un rocher innocent parmi tant d’autres. Toi, une petite moule. Tu t’es accrochée à moi et tu ne m’as plus jamais lâché. J’ai pourtant essayé à moult reprises de te remettre à l’eau mais tu reviens toujours. Je ne sais pas ce que tu lui trouve à ma roche. Mais, une certitude, c’est qu’elle te plait.

Forte heureusement tu ne m’a pas tué. Mais tu m’as usé (mon estomac avec).  Tu m’as épuisé. Dieu merci, je ne sais pas comment j’ai fais mais entre mes antécédents familiaux et tout ce que tu m’as fais ingurgiter en dix ans je ne suis pas arrivé aux possibles conséquences désastreuses comme le diabète, le cholestérol, l’obésité (je suis arrivée aux portes de l’obésité légère avec un IMC à 30 lors de mon entrée à l’hôpital en juillet 2017)… ! Oui j’en ai eu beaucoup d’autres comme les varices, la rétention d’eau dans les jambes, les problèmes de pieds et de chevilles à cause du poids, des problèmes respiratoires, et inévitablement les fameux bourrelets. Mais Dieu merci je profite de chaque instant de la vie.

Toi et moi nous avons vécu une grande histoire. Dix ans c’est beau non ? Au delà du fait que ce soit beau ou pas c’est déjà pas mal ! Disons que dix ans sa peut être court et long à la fois. Dix ans dans une vie de 60, 70, 80, 90, 100 ans c’est rien ! Mais dix années peuvent paraître une éternité quand on se bat dans le vide. Bref une histoire remplie d’amour et de partage où tu as toujours été présente pendant mes crises (quelles coïncidences!) mais aussi d’antipathie, où dans ces moments tu n’étais que mon ennemi. Mais toi et moi c’était fusionnel, compulsionnel je dirais même (c’est le cas de le dire du coup !) une sorte de je t’aime moi non plus, de fuis moi je te suis. Toi et moi, on ne s’est jamais comprises. Je crois surtout qu’au fond, on ne se connait pas. Souviens toi il y’a une dizaine d’années de cela, j’ai volé le Pitch de ma meilleure amie pour ensuite le manger en cachette en deux temps trois mouvements par peur que l’on m’attrape. Je n’en ai fait qu’une seule bouchée. Je culpabilise encore de cette bêtise et je ne comprends toujours pas comment et pourquoi, cela a pu arriver. Sans doute, c’est à cause de toi (il faut bien un coupable !)

Mais à l’époque, tu avais déjà cette certaine emprise sur moi (en accord avec mon angoisse) et il fallait déjà que je “bouffe”. Ce n’était que le début de centaines, pour ne pas évoquer des milliers de crises de boulimie hyperphagique et de dix longues années de galères relationnelles, financières, alimentaires, d’estime de moi et de confiance, sans parler des dégâts sur ma santé et de mes problèmes de poids. N’oublions pas non plus les moqueries du type « grosse vache » au collège ou à l’école (j’ai toujours été rondouillarde, avant même de te connaître! Que veux tu, cela doit être ma signature).

Nous deux on se connaît mal finalement. Tu as toujours été très discrète sur ton mode de fonctionnement. Pourquoi est ce que tu ne me parle pas? Pourquoi ne pas m’expliquer les choses simplement? Ce serait tellement plus simple. On pourrait même peut être trouver des compromis? Et puis d’abord d’où viens-tu? Pourquoi et qui t’a envoyé en mission au près de moi? Quelle petite cachotière!! Ce que je sais, c’est que toi et moi nous ne nous sommes pas rencontrées par hasard. En fait tu es aussi mystérieuse que mon inconscient. Je sais pertinemment que vous mijotez une petite tambouille contre moi tous les deux (d’ailleurs tu lui passeras le bonjour de ma part). Mais vous ne gagnerez pas à ce petit jeu, je suis beaucoup plus maline que ce que vous ne le pensiez!

Grosso modo je suis ATSEM et toi? Non en fait, tais-toi. Et laisse moi deviner… ne serais tu pas meurtrière? Ppppfff, je le savais! Mais tu fais ça très discrètement.
La voix pense avoir trouvé votre secret mon altesse, prenez garde et assurez vos arrières! Plus sérieusement, je pense que tu travailles pour ces grands criminels de la santé qui ne pense qu’à leur fric et qu’à leur buzz, qu’à l’anti santé des Hommes. Pour ne pas les citer « Macdo » “lu”, “Kellogg”, “Ferrero”, “Lays” et tout leurs concurrents (la liste est encore très très longue).
Ça me rend folle de savoir tout ça et pourtant d’y être accro, d’en acheter chaque jours à cause de vos addictifs à la con!
Au-delà des robots et de l’internet qui fait tout à notre place sans que l’on bouge notre auriculaire, au delà du monde hyper connecté dans lequel nous vivons désormais (bientôt ils nous inventerons la nourriture connectée et les petites culottes connectées) ou des discours culpabilisants sur tel ou tel chose, nous citoyens, devenons chèvres, moutons. Votre slogan? Mange, bouffe, meurt.
Ta mission est simple et tu le fais à merveille. Tu traques les émotions un peu trop fortes qu’un  être humain peu avoir du mal à gérer telles que la colère, l’angoisse, la tristesse, la timidité (4 exemples parmi tant d’autres), et tu profites de quelques autres faiblesses de ce dernier comme une odeur au coin de la rue (parfois truquée) une pub ou de la nouveauté, des nouveaux goûts… pour t’initier dans l’intimité des gens et tu les grignotes.

Mais au fait ? 🤔 ce n’est pas nous qui sommes  accroc à toi, mais toi qui est accroc à nous !! Et tu nous fais croire le contraire juste en nous nourrissant de tous vos produits addictifs afin que l’on ne se passe plus de toi, pour mieux nous maîtriser. Sûre de toi, tu ne te précipite pas et tu prends ton temps. Quel talent et quel professionnalisme ! Non franchement BRAVO !

Je t’aime mais je te haie. Les gens pensent que je ne mange pas mais que je bouffe. À cause de toi mes parents et ma famille sont inquiets et tristes de me voir dans ce corps et face à cette mal bouffe. Si dix ans après avoir fait ta rencontre je suis dans cette clinique, c’est de ta faute. C’est à cause de toi si papy est mort. Tu l’as bien manipulé plusieurs années pour ensuite prendre gentiment ta retraite. Quand à ta remplaçante, l’anorexique, elle l’a bien enfoncé… jusque sous la terre. Vous n’êtes qu’une belle brochette d’assassins. Si j’ai passer la barre d’un IMC à 30, c’est en grosse partie de ta faute !
Je t’aime mais je te haie. Il est extrêmement rare que j’insulte une personne et que je le pense, surtout de cette manière, mais tu n’es qu’une belle salope!
Je t’aime mais je te haie.

Avant de nous quitter, n’oublie jamais ce que je vais te dire. Le Roi du monde, ce n’est ni Monsieur MACRON, ni Monsieur DI CAPRIO, ni toi. Non, le Roi du monde c’est MOI. Pourquoi? Parce que tu ne seras pas arrivée à tes faims avec moi.

Tu es peux être invisible, mais belle et bien vivante, Éternelle je dirais même. Immortelle, Increvable. Et tout être vivant fait des erreurs. Alors j’ai décidé de te pardonner mais à UNE condition. Lâche-moi la grappe bordel!!! Et tous les autres, laisse les eux aussi. As-tu au moins conscience des dégâts et du nombre de victimes que tu peux faire à toi toute seule? Si quelqu’un doit être maître de sa propre alimentation ici, c’est moi, certainement pas toi!! Alors je t’en pris, rends-moi mon corps, rends-moi mes papilles, rends-moi la santé, rends-moi ma joie de vivre, rends-moi ma belle vie. Rends-moi ma liberté »

Ça y est, j’ai terminé. Je suis très émue. Je pose mon micro. Je m’empresse de prendre dans ma main droite, la paire de ciseau de couture en acier que toutes les mamies ont en leur possession. Il me servira à couper la petite banderole où est inscrit la question suivante: « et si j’arrêtais mes compulsions? » Dans quelques secondes, Elle sera coupée en deux et tout sera fini. Certes, ces quelques secondes sont totalement imagées et imaginaires et en réalité cela prendra peut être plusieurs longs mois mais mon corps, tout comme ce lieu, mais aussi toi, nos vies… seront considérés comme un passé. Je vais devoir m’armer de patience. De beaucoup de patience. Mais avant, je savoure d’entendre ce fabuleux concert d’applaudissements, d’entendre ces milliers de mains qui s’abattent entre elles. Ça fait chaud au cœur.

5! Le compte à rebours est lancé. 4 ! Je suis déterminée plus que jamais. 3! Je tremble de tout mon être. 2 ! Mon cœur bat la chamade! 1! Je prends une grande inspiration.

Ça y est… Je suis prête…

Je viens de couper la banderole. Les gens courent et sont heureux, libres.

Pour finir, Merci ! Sans toi, je ne me serais jamais enrichi en kilos, en rencontres et en connaissances à ce point. Toi-même tu sais. Tu as écris tout un chapitre de ma vie. Dix chouettes années (très)   gourmandes que je ne regrette en aucun points. Merci pour ton travail remarquable, à la fois fin et minutieux. Merci car grâce à toi ma confiance a pu prendre pas mal de congés sans soldes !! Mais maintenant qu’elle est en pleine forme, elle s’associe à moi pour te remercier. (La porte se trouve tout au fond du couloir à gauche !) car nous avons beaucoup de temps à rattraper toutes les deux (et surtout beaucoup de boulot !!). Mes chères compulsions, toi et moi, c’est fini.

Bonne retraite l’amie.
Bon courage et bon vent !
Sarah, une magnifique femme de 25 ans qui t’emmerde !
Ps : toi et moi, je sais que l’on se reverra car nous avons créé beaucoup de liens (et notamment affectifs), impossible alors d’oublier une telle complicité ! Et dieu sais que ce n’est pas cette lettre qui nous séparera. Que ce soit par les émotions ou par la nourriture, il m’arrive encore (beaucoup) de craquer. Seul le temps, la volonté, le courage et l’énergie y arriveront. Alors s’il te plaît sois clémente et accepte doucement mais sûrement ce divorce par consentement mutuel (ou presque car je vois bien à ta tête que cela ne te plait pas DU TOUT).  De mon côté, je te promets de te réouvrir ma porte une fois cette histoire complètement terminée. Mais cette fois ci, avec plaisir et en tout bien tout honneur 😜

Mes chers compulsions, je sais que tu n’es pas seule fautive dans toute cette histoire. Il y a aussi tous ces stéréotypes de maigreur et de mannequins, toutes ses pubs qui peuvent tourner sur Facebook ou autres réseaux sociaux pour perdre 5 kilos en une semaine avec leur boissons magiques ou autre débilités, toutes ces pubs qui passent à la télé pour nous faire acheter une fortune ces petites gélules qui vont nous faire maigrir pendant que nous faisons tranquillement dodo (et qui dans dix ans ils se rendront compte qu’elles étaient cancérigènes ou rempli de perturbateurs endocriniens)!! Tous ces stéréotypes qui en font craquer plus d’une, moi la première!!
Et puis il y a aussi une part d’éducation nutritionnelle que l’on reçoit, des valeurs que l’on nous inculque…
Mais tant que le problème de fond n’est pas réglé (accompagnement par des psychologues, des diététiciens, des médecins, des différents coachs…) tout cela c’est du Pipo (selon moi, après chacun est libre d’avoir son avis et je les entendrais avec plaisir !)).
Et puis d’où vient ce besoin de nous faire rentrer dans des cases, dans notre cas, celle de la finesse pour ne pas dire de la maigreur !! Et pourquoi ?
Belle époque ou Maryline MONROE était l’idéal féminin, où es tu ?
Qui a décidé qu’une femme plus ou moins ronde ne pouvait pas mettre de robes moulantes ? Maintenant elles y croient toutes, moi avec ! Si on a des formes et tant qu’elles sont la, pourquoi les cacher et ne pas les assumer et les montrer ?
Maigrir pour plaire à la gente masculine ? Qu’ils nous prennent comme on est !!! 😎
Vous savez quoi ? Et bien moi j’ai ai raz la casquette de tout ça ! Alors plutôt que de tomber dans leur piège, je vais garder mes précieuses économies et plutôt que de leur tirer mon chapeau, je vais leur lever mon majeur et FUCK cette société qui veut absolument que je rentre dans un bikini sur la plage en taille 36 cet été 👙!!! Je suis belle avec mes rondeurs ! Non mais !!! En plus,  elles ne sont pas toutes forcément plus heureuses. Heureusement le regard de la société commence à changer et à évoluer. Ps : tant mieux pour celle qui font du 36 et qui sont heureuses, j’en suis ravie pour elles 😀 mais attention à l’obsession mesdames et mesdemoiselles 😊

psychothérapie des troubles du comportement alimentaire

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