T.C.A ou quand la nourriture n’est plus une question de vie mais de survie

Les troubles du comportement alimentaire intriguent par leur complexité. Les proches, la société, et même les malades qui en sont atteints peinent parfois à comprendre leur origine. Ces troubles psychiques se distinguent par un symptôme bien spécifique : celui de leur attrait pathologique à la nourriture. Que cachent réellement ces troubles ? Quand la nourriture n’est plus une question de vie, mais de survie.

Les troubles du comportement alimentaire, une symptomatisation

Une souffrance

Les troubles des conduites alimentaires sont la symptomatisation d’une souffrance, d’un mal-être. Ils ont cette particularité de projeter à l’extérieur ce qui se joue à l’intérieur.

En réalité, les T.C.A sont la symptomatisation d’un mal-être interne. Ce mal-être est articulé en un langage externe : le rapport complexe à l’alimentation.

Dans le cadre de ces troubles, le rapport à l’alimentation n’est donc plus considéré comme sain. La nourriture en tant que telle, ne répond plus à un besoin vital, pourtant nécessaire à l’homme.

En effet, dans le cercle vicieux des troubles du comportement alimentaire, la nourriture devient objet de survie du sujet atteint de ce trouble psychique. Les aliments n’alimentent plus, la faim n’a plus de fin, le ventre est plein et la tête est vide.

Un trouble encombrant

En réalité, le principe même de la mécanique du T.C.A est de faire face à un mal-être ou un questionnement trop douloureux ou trop lourd à porter. Il n’est pas question de nourriture à proprement parler, mais bien de protection.

En effet, l’esprit, en se focalisant uniquement sur le sujet précis de la nourriture, efface peu à peu ce qui lui pèse de son environnement quotidien.

Le mal-être en résultant n’en est que plus complexe et ancré. La spirale des troubles alimentaires que sont l’anorexie, la boulimie ou encore l’orthorexie, hantent le sujet en souffrance du matin au soir.

L’alimentation dans les troubles alimentaires, ne sert donc plus à assurer la vie au sujet, mais à permettre au sujet de survivre, face à une réalité insupportable et douloureuse.

La montagne de douleur est si forte, que c’est l’unique issue parfois trouvée par l’esprit afin de contourner cette impossible traversée. En se mutilant, la personne atteinte de troubles comme l’hyperphagie, la boulimie ou l’anorexie, se détruit et ne ressent qu’une douleur localisée. Cette douleur nouvellement créée fait alors paravent à la douleur qui tambourine derrière, toujours plus fort.

Car il est important de saisir que la pulsion derrière ces troubles alimentaires est féroce. Elle est destructrice et précipite le sujet dans un précipice. Vers la mort de son corps et de son âme. Elle s’infiltre, elle s’impose, puis règne en maître aux dépens du sujet qu’elle habite.

Les TCA, une question de survie

Un mécanisme de défense

Les troubles du comportement alimentaire sont donc un mécanisme de défense mis en place par l’esprit. Ils permettent de survivre face à cette réalité pesante. Bien des informations s’échangent entre ces problématiques entremêlées.

La douleur, le manque, le plaisir, le passé, l’existence ou encore une relation problématique. C’est parfois “juste” une perte de soi qui conduit sur ce chemin pansement. Rien n’est jamais “juste” ou “seulement”. Les troubles alimentaires sont de véritables signaux d’alerte à prendre avec prudence et attention. L’esprit se meurt à petit feu, et il est important de les prendre en considération avec la plus grande écoute et attention.

Les troubles du comportements alimentaires ne sont pas une question de choix, de courage ou de volonté. Ils sont le signe d’un danger, d’un esprit sain qui tente de comprendre et de survivre face à une douleur si forte, que la destruction en est l’unique soulagement.

Une porte de sortie éphémère

En effet, en éloignant la faim, en éloignant toute appétence et tout plaisir, le sujet quitte le présent. Il quitte le monde de la vie, du vécu, pour entrer dans celui de la sur-vie, du sur-vécu.

Survivre, face à un passé douloureux, à un bagage trop lourd de l’existence, à une douleur trop vive. La personne atteinte de ces troubles survit alors à ses douleurs par le biais d’une  protection éphémère : les troubles du comportement alimentaires.

La personne boulimique, anorexique ou encore hyperphagique sur-vit. Elle dépasse ses limites. Elle transcende les possibles et décuple sa force. Le sujet malade survole sa douleur et passe au-dessus d’elle. Il tente de ne pas se brûler les ailes avec les rayonnements douloureux du poids de son passé, et parfois de son présent, en vain.

Les troubles du comportement alimentaire sont donc une question de survie. L’alimentation n’a plus la place de simple nécessité vitale, elle est bien plus. Elle est une question de survie, une bouffée d’air frais dans la tempête, sinueuse et tortueuse. Le futur et la vision sont parfois obstruées par le brouillard des flammes de l’enfer psychique.

La nourriture sert alors de pont pour dépasser ce qui ronge le sujet atteint de troubles alimentaires. Ce qui le ronge au coeur même de ses entrailles, sa souffrance, son chagrin, et sa mort interne sont recouverts d’un voile blanc permettant de passer les bras du fleuve, avec de moindres dégâts.

La thérapie, face aux troubles alimentaires

Les troubles du comportements alimentaires, quels qu’ils soient, sont un appel au secours d’une souffrance qui demande à être entendue.

Quelle qu’elle soit, quelle qu’en soit sa source, sa nature ou sa place dans la vie du sujet qui en pâtit, elle doit être recueillie. Il est important d’accompagner un proche en souffrance, ou de se faire accompagner soi-même. Il est important de repérer la source de cette souffrance afin de pouvoir la transcender.

En réalité, il ne s’agit pas toujours de comprendre, mais parfois juste de soutenir. De soutenir un proche malade, ou de se soutenir soi, dans l’épreuve difficile et complexe des troubles alimentaires.

La thérapie est alors essentielle afin de faire face à cette maladie psychique. Consulter un thérapeute spécialisé est vital, et même urgent. Plus le trouble s’installe, plus le chemin de retour est long. Mais il est toujours, toujours possible de créer un pont entre soi et une liberté retrouvée.

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Pascal Couderc, psychologue clinicien, psychanalyste et auteur, fondateur de boulimie.com en 1998, vous accompagne dans ce cheminement. Il exerce à Paris, Montpellier et en visio consultation.